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TENIR L'ACCOMPAGNEMENT PLURIEL DES JEUNES AUX PARCOURS COMPLEXES 

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Intervention de Eric ELSENER :

 

« Accompagnements pluriels », «parcours complexes », «réponses diversifiées », « réseau de soins » … , sont autant de déclinaisons des nouvelles modalités d’accompagnement de jeunes, incapables apparemment d’intégrer les dispositifs classiques des secteurs sanitaires, médico-sociaux, sociaux ou judiciaires. La volonté affirmée des responsables et des acteurs institutionnels est de casser le clivage entre milieu naturel et milieu spécialisé, faciliter  la complémentarité des accompagnements et miser sur les ressources et les capacités de résolution des jeunes et de leur entourage familial. Dont acte.

 Mais de quoi et surtout de qui parlons-nous ? Et comment le faisons-nous? Il semble bien que ces jeunes ne se contentent pas de bousculer les institutions, c’est plus précisément  notre capacité à nommer et décrire, donc comprendre et expliquer, qu’ils mettent à mal. Si de nombreux discours ont suivi les évolutions des prises en charge,  l’outillage conceptuel, lui, a-t-il accompagné ce mouvement ? Pour travailler ensemble il faut élaborer et penser collectivement? En sommes-nous capables ? Une mise à plat du vocabulaire employé, évidemment nécessaire, est-elle suffisante ? A quelles conditions ce qui est dit ou annoncé devient-il  opérant ? De quels moyens, méthodes, manières, disposons-nous ? Où puiser les mots et les ressources nécessaires ?

La philosophie, convoquée à cette journée, peut-elle constituer sur ces problèmes autre chose qu’un bavardage disciplinaire supplémentaire ? Oui, si elle reste fidèle à ce qui la constitue : vérifier que les solutions apportées ne se paient pas des oublis ou des évitements de la question initiale. Ce n’est pas une réponse de plus qu’elle peut produire, c’est le statut même de la réponse qu’elle doit interroger. Répondre à,  ou répondre de, Tel est l’enjeu.

Propos d'Eric ELSENER

Intervention de Béatrice DERIES :

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Cette intervention présentera les enseignements intermédiaires d'une recherche collaborative en cours, l'Action Recherche Territoriale (ART) initiée par la PJJ-Auvergne. A partir de la reconstitution et de la mise en récit de six parcours de prise en charge au pénal d'adolescents et jeunes adultes, nous donnerons des contours à "l'errance" dans laquelle s'inscrivent ces jeunes. Nous prendrons le risque d'interroger "par le bas", à partir des épreuves de ceux qui les accompagnent, le sens pluriel des discontinuités de leurs parcours. / Béatrice DERIES (École Rockefeller, Centre Max Weber - Université de Lyon).

Intervention de Philippe JEAMMET :

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« La vie, une histoire de rencontre. »

« La vie ne peut se passer de la transmission. La vie est une co-construction permanente et un processus indéfini de transmission. Mais les êtres humains se trouvent confrontés à un paradoxe spécifique du fait de leur accès à la conscience réflexive : pour devenir eux-mêmes ils doivent se nourrir des autres, et ils doivent se différencier de ceux dont ils ont reçu ce dont ils ont besoin pour se sentir eux-mêmes – paradoxe qui peut s’énoncer ainsi : ce que j’ai besoin de recevoir des autres, c’est ce qui menace mon autonomie.

Les enfants et les adolescents constituent un observatoire privilégié de cette paradoxalité propre à l’être humain.

La clinique montre qu’à contraintes et facteurs de risques semblables le destin de ces jeunes peut être radicalement différent. Les uns peuvent faire de leur vulnérabilité une chance et une expérience créatrice, les autres peuvent en revanche s’enfermer dans des conduites destructrices qui se caractérisent par une amputation plus ou moins importante de leurs potentialités et une prise de risque qui peut mettre leur vie en danger.

Ce basculement vers la créativité ou la destructivité dépend massivement de la qualité des rencontres des jeunes avec les adultes. En effet le choix de la créativité est toujours risqué car aléatoire et confronte le sujet au risque de la déception du fait de la dépendance à la réponse des autres. Paradoxalement la destructivité offre la sécurité d’une réponse qui ne dépend que de soi.

C’est aux adultes à témoigner de leur confiance en la vie et en l’adolescent avec la certitude qu’il y a d’autres moyens pour exister que de devenir son propre bourreau.

Les valeurs, selon Damasio sont une dimension consubstantielle au vivant ; elles prennent leur apogée chez les êtres humains en raison de leur conscience réflexive. »

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